Jonas ou l'artiste au travail / Pierre qui pousse

Jonas ou l'artiste au travail / Pierre qui pousse

Albert Camus

Language: French

Pages: 53

ISBN: 2:00365949

Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub


Quoi qu'il puisse arriver, Jonas, peintre au talent reconnu, croit en sa bonne étoile - jamais elle ne cessera de l'aider et de le guider. Pourtant la vie, ses proches, ses amis, ses disciples l'acculent peut à peu à la stérilité artistique...
Un ingénieur français, en mission au Brésil, est confronté aux superstitions et au mysticisme des indigènes. Mais l'amitié qu'il éprouve pour l'un d'entre eux aura raison de son scepticisme.
Deux magnifiques nouvelles à la fin mystérieuse et ambiguë.

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Community, Myth and Recognition in Twentieth-Century French Literature and Thought

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mieux peindre, après cette période de vide apparent. Ça travaillait au-dedans, voilà tout, l’étoile sortirait lavée à neuf, étincelante, de ces brouillards obscurs. En attendant, il ne quittait plus les cafés. Il avait découvert que l’alcool lui donnait la même exaltation que les journées de grand travail, au temps où il pensait à son tableau avec cette tendresse et cette chaleur qu’il n’avait jamais ressenties que devant ses enfants. Au deuxième cognac, il retrouvait en lui cette émotion

me prive pas de ta lumière. » Elle allait briller de nouveau, il en était sûr. Mais il fallait qu’il réfléchît encore plus longtemps, puisque la chance lui était enfin donnée d’être seul sans se séparer des siens. Il fallait qu’il découvre ce qu’il n’avait pas encore compris clairement, bien qu’il l’eût toujours su, et qu’il eût toujours peint comme s’il le savait. Il devait se saisir enfin de ce secret qui n’était pas seulement celui de l’art, il le voyait bien. C’est pourquoi il n’allumait pas

gaie dans la nuit lourde, ils saluaient en portugais la voiture qui se remettait en marche. — Ils ont dit soixante, les kilomètres d’Iguape. Trois heures tu roules et c’est fini. Socrate est content, annonça le chauffeur. L’homme rit, d’un bon rire, massif et chaleureux, qui lui ressemblait. — Moi aussi, Socrate, je suis content. La piste est dure. — Trop lourd, monsieur d’Arrast, tu es trop lourd, et le chauffeur riait aussi sans pouvoir s’arrêter. La voiture avait pris un peu de vitesse.

d’abord construire l’hôpital, plus tard construire l’eau. En attendant, heureux souvenir, tiens l’eau piquante pour te laver. » Il disparut, riant et chantant, nullement épuisé, en apparence, par les éternuements cataclysmiques qui l’avaient secoué toute la nuit et avaient empêché d’Arrast de fermer l’œil. Maintenant, d’Arrast était tout à fait réveillé. À travers les fenêtres grillagées, en face de lui, il apercevait une petite cour de terre rouge, détrempée par la pluie qu’on voyait couler

la vareuse marinière, examinait d’Arrast, attentivement, de ses yeux noirs et tranquilles. Il souriait en même temps de toutes ses dents très blanches entre les lèvres pleines et luisantes. — Il parle l’espagnol, dit Socrate et, se tournant vers l’inconnu : — Raconte M. d’Arrast. Puis, il partit en dansant vers un autre groupe. L’homme cessa de sourire et regarda d’Arrast avec une franche curiosité. — Ça t’intéresse, Capitaine ? — Je ne suis pas capitaine, dit d’Arrast. — Ça ne fait rien.

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