Julien Gracq (Cahier de l'Herne)

Julien Gracq (Cahier de l'Herne)

Language: French

Pages: 414

ISBN: 2:00310616

Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub


Dirigé par Jean-Louis Leutrat.

Le lecteur qui peut encore avoir la faiblesse d'éprouver un sentiment d'exaltation (charmante vieillerie pour certains des plus subtils et des plus savants de nos contemporains) devant telle page inspirée, a certainement de grandes difficultés à assouvir le vice impuni et inavouable qui le point : la page inspirée se fait rare de nos jours. Il reste donc à ceux qui considèrent comme par trop anémiée la littérature composée sur mesure qui leur est proposée la seule option d'aller voir ailleurs. Il serait alors bien étonnant que, dans leur solitude, ne leur ait point fait signe, d'une manière ou d'une autre, le ténébreux solitaire qui a pour nom Julien Gracq.

Julien Gracq s'est servi à plusieurs reprises de l'image du mancenillier (« le mancenillier abondant des lustres de Venise »). Cet arbre, on le sait, était réputé fatal à ceux qui venaient s'abriter sous son ombrage. Il ne fait aucun doute que s'exprime, dans les récits de l'écrivain, cette humeur noire de nos ancêtres. L'expression de « guetteur mélancolique » s'applique admirablement au personnage gracquien flanqué de son soleil noir. Inutile d'insister, c'est trop évident. Mais Gracq est aussi un mancenillier à la manière de Wagner : « Wagner est un magicien noir - c'est un mancenillier ci l'ombre mortelle - des forêts prises à la glu de sa musique il semble que ne puisse plus s'envoler après lui aucun oiseau. »

La sorcellerie évocatoire de l'enchanteur Gracq, comment y échapper ? Comment résister à cette rhétorique dont on a dit qu'elle est une arme du solitaire ? Gracq ne néglige pas la part obscure qu'il y a en toute chose, son activité d'écrivain la lui rappelle constamment.

Numérisation réalisée avec le soutien du CNL.

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Baiudelaire, les obus en fleur d’Apollinaire. Or, c’est à cette profondeur exactement que le surréalisme a su s’installer, c’est par la racine qu’il a attaqué la littérature moderne, c’est là qu’il s’est révélé comme un détecteur incomparable des tendances du subconscient de son époque. Qu’il pulise dans son propre fonds ou dans celui des autres le mannequin de Chirico, le revolver de Jarry, le monocle de Vaché, le passage de l’Opéra, les couvertures de Fantônias, les papiers collés, les affiches

bénéfique et maléfique du terme) ; et on sait que la défloration a pu apparaître comme une transgression à ce point dangereuse que seul un personnage déjà < à part >> (le roi, le prêtre, le roi-prêtre) aurait le droit d’en assumer le risque : privilège ambigu et qui ressemble fort, en l’occurrence, à une condamnation. Ainsi, nous n’aurions échappé à Hegel que pour retomber à Freud - et nous n’aurions fait qu’échanger un schéma contre un autre. E n effet, on sait que le rêve comme le mythe

Heide dans laquelle on peut voir par conséquent l’objet perceptible de la connaissance, réduit dans l’acte de connaissance à un phémomène, disons e la chose ». e Le cimetikre », en tant que < retour constructif » tout à fait normal dans le sens du roman, dans lequel viennent s’ordonner les fils de l’action, (Catégorie d’après E. Lammert, e Bauformen des Erzühlens », Stuttgart 1SSS), apporte la confirmation de la possibilité de cette interprétation. C’est là qu’Albert tire de son philosophe

narrateur, plaque sensible, aiguille aimantée et déjà, nous le comprenons tout de suite, singulièrement polairisée par la littérature. Sans doute, cette atmosphère équivoque, ce pressentiment, ce trouble sont-ils attribués à l’irruption, dans un climat soi-disant détendu de vacances, du personnage, lui-même éminemment trouble, équivoque et fascinant, d‘Allan, ce suicidé d’avance. Mais c’est là renverser les termes. Cette intervention qui est apparemment la raison d’être du récit, c’est en vérité

mort (est-ce que je ne commets pas d’erreur ?). Toutefois, l’atmosphère me semble complètement différente, soit dans ses caractéristiques pour ainsi dire physiques, soit dans le sentiment qu’on se propose de susciter. D’autre part, je ne me trouve pas bien placé pour m’exprimer un avis en toute objectivité. Dans un certain sens même, c’est embarrassant. Certainement, le fait même que vous vous tourniez vers moi pour avoir un avis - requête combien pour moi flatteuse - montre que vous aussi avez

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