L'élégance du hérisson

L'élégance du hérisson

Muriel Barbery

Language: French

Pages: 195

ISBN: 2806213444

Format: PDF / Kindle (mobi) / ePub


"Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.

Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai."

Candide

Le Misanthrope

Haroun et La Mer Des Histoires

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

plus précieux d’entre eux, l’art du thé, je sais qu’il n’est pas un breuvage mineur. Lorsqu’il devient rituel, il constitue le cœur de l’aptitude à voir de la grandeur dans les petites choses. Où se trouve la beauté ? Dans les grandes choses qui, comme les autres, sont condamnées à mourir, ou bien dans les petites qui, sans prétendre à rien, savent incruster dans l’instant une gemme d’infini ? Le rituel du thé, cette reconduction précise des mêmes gestes et de la même dégustation, cette

appartement. J’espère que les nouveaux auront des chats, eux aussi. 17 Un cul de perdrix Anna Arthens vend ! — Anna Arthens vend ! dis-je à Léon. — Ça alors, me répond-il — ou du moins en ai-je l’impression. Je vis ici depuis vingt-sept ans et jamais un appartement n’a changé de famille. La vieille Mme Meurisse a laissé place à la jeune Mme Meurisse et de même, à peu de chose près, pour les Badoise, les Josse et les Rosen. Les Arthens sont arrivés en même temps que nous ; nous avons en

sur le chocolat ou plutôt sur la façon dont on le croque, avec une interrogation centrale : qu’est-ce qui est bon dans le chocolat ? La substance elle-même ou la technique de la dent qui le broie ? Mais j’avais beau trouver ça plutôt intéressant, c’était sans compter avec ma sœur qui est rentrée plus tôt que prévu et qui s’est immédiatement mise à me pourrir la vie en me parlant de l’Italie. Depuis qu’elle est allée à Venise avec les parents de Tibère (au Danieli), Colombe ne parle que de ça.

ne sait pas où on est ? S’il faut assumer en même temps une culture de pêcheurs thaïlandais et de grands bourgeois parisiens ? De fils d’immigrés et de membres d’une vieille nation conservatrice ? Alors on brûle des voitures parce que quand on n’a pas de culture, on n’est plus un animal civilisé : on est une bête sauvage. Et une bête sauvage, ça brûle, ça tue, ça pille. Je sais que ce n’est pas très profond mais j’ai quand même eu une pensée profonde après ça, quand je me suis demandé : et moi ?

le profond soulagement né de la certitude qu’elle s’occupera bien de lui. Désormais, je peux affronter les autres. Manuela. Manuela mon amie. Au seuil de la mort, je te tutoie enfin. Te souvient-il de ces tasses de thé dans la soie de l’amitié ? Dix ans de thé et de vouvoiement et, au bout du compte, une chaleur dans ma poitrine et cette reconnaissance éperdue envers je ne sais qui ou quoi, la vie, peut-être, d’avoir eu la grâce d’être ton amie. Sais-tu que c’est auprès de toi que j’ai eu

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